Avec la période des Fêtes qui approche, je me permets de vous présenter une petite chronique historique. Ce n’est pas d’hier que l’illumination des arbres de Noël constitue une source potentielle d’incendie. C’est au début du 16e siècle que les premiers sapins ont été illuminés, pour ne pas dire « allumés », à l’aide de bougies. Martin Luther, un moine théologien allemand, en aurait eu l’idée[1]. La présence d’une flamme nue à proximité des branches de l’arbre en faisait une combinaison singulièrement dangereuse. Au Canada, c'est en 1781 à la Maison des Gouverneurs de Sorel que, pour la première fois, on illumina un sapin avec des bougies[2].
En se consumant, les bougies devaient être remplacées, sauf si un incendie ne s’était pas entre-temps déclaré… Mais rien n’arrête le progrès! En 1892, aux États-Unis, M. H.W. Diek brevette un jeu de lumières de Noël constitué d’un réseau de becs de gaz montés dans le sapin (voir figure 1). Selon M. Diek, le but de son invention était de fournir un système bon marché, sécuritaire, attrayant et offrant une illumination uniforme. Qui ne se rappelle pas de l’allumeur de réverbère dans Le petit Prince alors qu’il révélait ainsi son désarroi : « Je fais là un métier terrible »?[3]. Il ne croyait pas si bien dire, car chacun de ces becs de gaz devait être allumé l’un après l’autre dans le sapin. Il se complexifiait avec le nombre de becs de gaz installés dans ce dernier.
Figure 1 - Jeu de lumières de Noël au gaz de H.W. Diek[4]
C’est Thomas Alva Edison,en 1879, qui par son invention de l’ampoule électrique incandescente, allait à nouveau changer les façons de faire. Edward Johnson, qui était un associé d’Edison, aurait créé le premier jeu de lumières de Noël électrique autour de 1890[5]. En 1916, M. Albert Hugh Smith breveta un des premiers jeux de lumières de Noël électriques semblables à ceux que nous connaissons aujourd’hui (voir figure 2).
Figure 2 - Jeu de lumières de Noël utilisant des ampoules incandescentes d’Albert H. Smith[4]
Les ampoules incandescentes illuminant les arbres de Noël sont encore utilisées de nos jours et elles représentent toujours un risque d’incendie. Bien sûr, le risque est moins élevé que l’utilisation de chandelles ou du gaz! Mais il n’est pas inexistant. Prenons par exemple un jeu de lumière de Noël de type « mini-lights » de 35 ampoules incandescentes. Le jeu utilise des ampoules de 6 volts de 0,78 watts chacune. Un jeu de 35 ampoules incandescentes, apparemment inoffensif, demeure un danger d’incendie s’il est mal utilisé. Si on branche un jeu de lumières de 35 ampoules en le laissant dans un amas, donc sans ventilation naturelle, il peut, en moins de 10 minutes, générer assez de chaleur pour faire fondre les fils et les socles de lumière et causer un incendie.
De nos jours, les jeux de lumières qui utilisent des diodes électroluminescents (DEL) ont la cote. Ils consomment peu d’énergie et ne dégagent pas beaucoup de chaleur (voir figures 3 et 4). Le risque d’incendie est encore réduit, mais il n’est pas nul.
Figure 3 - Structure interne d’une diode électroluminescente rouge (DEL)
Aux États-Unis, selon la NFPA[6], pour la période de 2013 à 2017, les services d'incendie ont répondu à une moyenne annuelle de 160 incendies qui ont été causés par des arbres de Noël. Ces incendies ont, en moyenne, provoqué annuellement 3 décès, 15 blessés et 10 millions de dollars en dommages matériels directs.
Figure 4 - « Zoom » d’une diode électroluminescente rouge (DEL), vu du dessus
Enfin, voici les recommandations de Santé Canada[7] concernant la sécurité des lumières de Noël.
En conclusion, rappelez-vous que peu importe le système d’éclairage que vous utilisez pour illuminer votre sapin de Noël, il demeure une source potentielle d’incendie du moment qu’il est raccordé à un circuit de 120 Volts.
par Normand Juneau, ing., CFEI - Département génie électrique
Références :
[1], [5] : http://www.wikipedia.org/
[2] : https://www.goethe.de/ins/ca/fr/kul/sup/dsk/dsm/sdw.html
[3] : Le Petit Prince, Chapitre XIV, Antoine de Saint-Exupéry
[4] : http://www.uspto.gov/
[6] : https://www.nfpa.org/Public-Education/Fire-causes-and-risks/Seasonal-fire-causes/Winter-holidays/Holiday-fires-by-the-numbers
[7] : https://www.canada.ca/fr/sante-canada/services/securite-domicile/conseils-securite-pendant-temps-fetes.html